Vous est-il déjà arrivé qu’un de vos élèves refuse de réaliser un exercice ou de suivre une consigne lors de votre cours ?
« L’élève refuse de lire en classe »
Lorsqu’on enseigne toute la journée à plusieurs classes de vingt élèves ou plus, un refus peut rapidement générer de l’énervement, de l’agacement et du stress. La nécessité de réagir « sur le champ » sans avoir le temps de réfléchir à tous les tenants et aboutissants rend difficile l’élaboration d’une stratégie efficace. Ces conditions émotionnellement chargées ne sont pas propices à la recherche de solutions réfléchies. En conséquence, nos réactions sont souvent automatiques et basées sur des clichés, attaquant l’attitude de l’élève et présumant de mauvaises intentions.
Cependant, ici, nous ne sommes pas dans l’urgence, face à 25 élèves qui attendent notre réaction. Nous pouvons prendre un moment pour comprendre ce que ce refus pourrait signifier. Est-ce de l’insolence ?
Prenons en compte le maximum de paramètres. Quel âge ont nos élèves ? Une adolescente de 13-14 ans, par exemple, a plusieurs dilemmes identitaires à résoudre quotidiennement. Elle tient probablement beaucoup à sa réputation auprès de ses camarades, souhaitant être perçue comme « futée » mais pas « intello », « populaire » mais pas « différente des autres ». Par conséquent, elle peut être extrêmement gênée de devoir réaliser quelque chose « en public », même si cela paraît anodin à un adulte.
Posons-nous également la question de ce qui doit être lu. S’agit-il de sa propre production ? À quel point est-ce personnel ? Même si ce n’est pas personnel, la production peut avoir été réalisée avec l’espoir que les autres élèves ne découvrent pas cette « implication scolaire », qui pourrait nuire à la réputation que l’élève s’est construite avec tant d’effort. Lire une production personnelle de quelqu’un d’autre peut aussi être source de gêne.
Bref, si nous nous efforçons d’aller au-delà de nos réactions immédiates, nous pouvons trouver des dizaines de pistes pour améliorer notre réponse à ce type de situation.
Alors que une vision unique limite l’émergence des idées d’action, imaginer plusieurs interprétations sur la base des éléments constituant la situation permet de trouver des solutions « sur mesure » et des méthodes plus adaptées aux besoins des élèves.
Explorez les interprétations multiples d’une situation ou des réactions de vos élèves à vos consignes et aux exercices que vous proposez, et faites émerger des pistes d’amélioration. Vous pourrez ainsi mieux gérer les situations difficiles face auxquelles vous vous sentiez jusque-là impuissant ou impuissante dans vos cours.
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