Si je vous demandais : une personne qui fait un malaise dans un lieu public a-t-elle plus de chances d’être aidée dans une foule ou quand il y a très peu de monde ? Que répondriez-vous ?
Imaginez la scène : une personne s’effondre soudainement dans un lieu bondé, et vous vous attendez à ce que quelqu’un, n’importe qui, intervienne immédiatement. Pourtant, contre toute attente, plus la foule est dense, moins il y a de chances que quelqu’un ose porter secours. Pourquoi ? Parce que chaque individu dans la foule se dit : « Pourquoi moi ? Les autres sont aussi là, ils regardent. Quelqu’un va sûrement agir. Et si personne ne bouge, c’est probablement parce que ce n’est pas si grave… Ils ne peuvent pas tous se tromper… » Et ainsi, paralysée par l’indifférence collective, l’inaction s’installe, laissant la personne en détresse sans aide.
Par conséquent, chaque personne qui observe la situation se sent moins responsable, un phénomène que nous appelons la dissolution de la responsabilité (Latané & Darley, 1970).
Le danger de cette dynamique est terrifiant : la personne en détresse risque de mourir sous les yeux d’une foule immobile, chaque spectateur attendant que quelqu’un d’autre prenne l’initiative…
C’est ce qui s’est d’ailleurs passé le 13 mars 1964 à 3h15 du matin, Kitty Genovese est poignardée au bas de son immeuble, dans le Queens, à New York. Elle crie, hurle « Il m’a poignardée, aidez-moi, je vous en prie, aidez-moi! ». Les voisins se réveillent mais personne n’appelle la police. Le film « 38 témoins” de Lucas Belvaux met en scène cet événement tragique.
C’est uniquement quand quelqu’un décide de se comporter différement des autres – c’est à dire AGIR, que les autres vont le/la suivre et proposer leur aide également.
Cette vidéo montre un extrait de l’expérience de l’effet témoin (Bystander effect) conduite à Londres:
Et vous? Que faites-vous lorsque vous voyez quelqu’un qui aurait besoin d’aide, que ce soit en raison d’un malaise physique, d’un mal-être, d’une période difficile ou d’un manque d’espoir? Le fait de savoir que d’autres personnes pourraient éventuellement l’aider ou le/la consoler vous fait-il sentir moins responsable, moins concerné(e)?
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